Rue du Musée De Puydt :de-puydt

En 1859, Benoît De Puydt (né en 1782, décédé à Bailleul en 1859), greffier de justice de paix ; il lègue sa collection d’objets d’art à sa ville natale ; il n’a aucun descendant direct. Dans son testament de 1847, il pose deux conditions : la création d’une académie de dessin, peinture et architecture, et la conservation de sa collection dans sa demeure. En 1861 : l’académie et le musée sont ouverts, en 1918, le musée sera détruit, entre 1920 et 1934, reconstitution partielle de la collection. Octobre 1933 verra l’inauguration du nouveau musée et le 15 juillet 1934 l’école de dessin, et 1946 la réinstallation du musée après la Seconde Guerre mondiale.

D’abord rue de Poperinghe, puis rue des choux (Coolstraete, sans doute en raison de nombreux maraîchers installés dans cette rue à cette époque), puis rue du musée De Puydt (3 octobre 1884), puis rue du musée (après la guerre 1914-1918), puis à nouveau rue du musée De Puydt (13 novembre 2009). Avant la guerre 1914-1918, la rue comprenait aussi des cours, c’est-à-dire des rangées d’habitations perpendiculaires à la rue, par exemple, la cour Goebrecht. Ces cours étaient souvent le logement des tisserands, malheureusement insalubres et où la promiscuité de l’habitat et du travail, la plupart des métiers à tisser étaient encore du 18e siècle, n’était pas favorable à une vie normale pour les jeunes enfants qui habitaient. Le pavot était alors bien souvent utilisé dans les biberons et il n’était pas rare que les docteurs soient appelés au chevet d’enfants endormi depuis plusieurs jours. Une interdiction de vente sans ordonnance sera d’ailleurs mise en place par la municipalité en 19GG. Mais dans cette rue se dressaient aussi de grands bâtiments, comme un manoir construit en 1544, devenu le Cercle Saint-Joseph en 1861. L’orphelinat sera construit après la Grande Guerre sur l’emplacement du Cercle Saint-Joseph, il fermera en 1968.

En 1906, la rue comptait 249 maisons et 593 habitants. Copie de la lettre adressée le 17 octobre 1884 par le sous-préfet d’Hazebrouck au préfet du Nord : « Monsieur le Préfet, J’ai l’honneur de vous adresser une délibération en date du 3 octobre courant, par laquelle le Conseil municipal de Bailleul demandant que la rue des Choux, de cette ville, porte désormais la dénomination de rue du Musée De Puydt. Monsieur De Puydt, aujourd’hui décédé, a légué à la ville de Bailleul toute sa fortune, sa collection d’objets d’art composant le musée de cette ville ; il a, en outre, fondé l’école de dessin. M. De Puydt a ainsi acquis des droits à la reconnaissance bailleuloise ; c’est pour perpétuer la mémoire de cet homme généreux et ami des arts que le conseil municipal demande qu’une rue de la ville porte son nom. J’ai l’honneur de vous proposer, Monsieur le Préfet, de vouloir bien prier M. le Ministre de l’Intérieur de provoquer un décret substituant le nom de rue du Musée De Puydt à la rue des Choux de la ville de Bailleul. Veuillez agréer, Monsieur le Préfet, l’assurance de mon respectueux dévouement. »

Avant la guerre 1914-1918, la partie de la rue entre la Grand-Place et la rue Benoît Cortyl était construite des 2 côtés, comme le montre la vue ci-contre. A gauche : l’entrée latérale de l’Hôtel de ville. Quelques belles maisons bourgeoises se trouvent dans cette rue, dont les anciennes maisons du baron d’Espériès et d’Ignace De Coussemaker qui n’ont pas été détruites lors de la guerre 1914-1918 ; cette dernière est devenue le centre médical. Les 2 bâtiments sont mitoyens. La salle Marguerite Yourcenar a été conçue pour servir d’église provisoire après la guerre 1914-1918, en attendant la reconstruction de l’église Saint-Vaast (inaugurée le 25 septembre 1932). Elle a ensuite servie de salle paroissiale, on y faisait d’ailleurs des représentations théâtrales produites par la société Comédia. C’est maintenant une salle communale.

La rue mène à Saint-Jans-Cappel, en bas de la rue lors de la construction de la résidence des collines, on mit au jour les restes d’une des plus grandes villae gallo-romaines du Nord de la France. La villa à l’époque est une ferme avec une partie pour la résidence du propriétaire et une seconde pour la ferme proprement dite. L’emprise au sol, reconnue par les archéologues, est de 150 m sur plus de 500 m avec une habitation du propriétaire de 50 m de façade et des retours de 12 m. À la vue des restes de marbres, d’ardoises, de céramiques provenant de par le monde romain jusqu’au Liban ainsi que les éléments de forge comme de pressoir, il pourrait s’agir d’un propriétaire fortuné ayant beaucoup voyagé à l’époque

Allée William Cromwell :cromwell

Rue en impasse, construite en 1995, débouchant sur la Dievenstraete. 2 petits chemins piétonniers (situés au bout de la rue) la relient à l’allée des fuseaux et à l’allée des dentellières.

Avocat né à Brooklyn, New-York, le 17 janvier 1854, décédé le 19 juillet 1948 à l’âge de 94ans. Associé dans un des plus grands cabinets d’avocats d’affaires américains « Sullivan et Cromwell », son nom est lié à celui de la réussite de deux des plus vastes entreprises de cette époque, le percement du canal de Panama et la création de l’United States Steel Corporation, regroupement des plus importantes aciéries américaines. « Entre les deux guerres, tout en continuant à présider aux destinées de son affaire, il s’installa à Paris, où il passa une grande partie de sa vieillesse. Il fut alors le bienfaiteur de notre pays. Il contribua pour une large part à l’érection de monuments qui témoignaient de la gloire ou de l’héroïsme des Américains venus pour le défendre, aida à la création du Musée de la Légion d’Honneur, présida à l’édification du Mémorial de l’Escadrille Lafayette. Il s’intéressa au lendemain de la Grande Guerre à la vie de nos artisans et permit la reconstruction de l’industrie de la dentelle de Valenciennes. Il fit des dons répétés aux œuvres de l’enfance malheureuse, s’occupa de la rééducation des aveugles et des bibliothèques Braille. » (Biographie inspirée de l’hommage rendu en 1948 à W.N. Cromwell par Etienne Dennery au nom du Centre d’études de politique étrangère.)

Par l’intermédiaire de l’association « Le Retour au Foyer », il participa au financement de l’Ecole Dentellière de Bailleul inaugurée en 1927. Le buste en bronze de ce citoyen d’honneur de la ville de Bailleul, érigé sur le parvis de l’Ecole, accueille les visiteurs depuis 1935. Après sa mort, son importante collection de dentelles a été donnée au musée de Bailleul (La Bailleuloise du 30 mai 1970).

Rue Edmond De Coussemaker :coussemaker

Edmond de Coussemaker est né le 19 avril 1805 à Bailleul, est décédé le 10 janvier 1876 à Lille. Juriste de formation, son activité de musicologue et d’ethnologue principalement est centrée sur le patrimoine de la Flandre française, il est l’un des défenseurs les plus significatifs de la culture néerlandophone de France. Juge de paix à Bailleul (de février 1836 à mars 1843), Bergues, Hazebrouck (en 1845), Dunkerque (en 1852) et Lille (en 1858). Avec l’abbé Désiré Carnel, Edmond De Coussemaker fonde en 1853 le Comité flamand de France, appelé à freiner la disparition du dialecte flamand occidental parlé en Flandre française. Il en est le premier président. En 1856, il publie un recueil des Chants populaires des Flamands de France. Conseiller général du Nord de 1849 à 1876, maire de Bourbourg en 1874. Il est aussi chevalier de la Légion d’honneur, de l’ordre de Saint Grégoire le Grand, correspondant de l’Institut de France, de l’Académie impériale d’Autriche.

Qui ne connait la rue Edmond de Coussemaker ? Il semble que celle-ci soit plus connue sous le nom de rue des Poissons voire rue de la Caisse d’Epargne !, nom qu’elle n’a d’ailleurs jamais portée. En réalité cette rue changea souvent de nom, d’abord rue des Capucins, il existait en effet un couvent de cet ordre au niveau de l’actuelle Caisse d’Epargne en 1630, les capucins étant arrivés sur Bailleul en 1628. Ce couvent avait été construit sur un fossé de limite de commune, un stadgracht, remblayé à cette occasion, la ville du moyen-âge était assez condensée autour de la Grand-Place. Cette rue fut empierrée en 1647. En 1653, l’incendie de la ville provoqué par les troupes du duc d’Elbeuf détruit 450 maisons. La rue Moneclaey est percée en 1653 (ou 1654), pour relier le couvent des capucins à la place, à l’époque le couvent avait été épargné par le feu. La rue des Capucins devient alors la « Grande rue des Capucins » et la rue Moneclaey la « Petite rue des Capucins ».

Le 9 septembre 1658, la ville est pillée par une bande de soldats. Le 16 septembre de la même année, le couvent est détruit par le feu. Les constructions refaites par les Capucins sont détruites pendant la Révolution en 1793. Après la Révolution et avant 1830, on installe un marché aux poissons d’où le nom encore largement repris aujourd’hui. Sur le plan cadastral de 1811, il est indiqué rue des Capucins, rue des Poissons sur celui de 1858. Le marché aux poissons est fermé en 1875. En 1852 la Caisse d’Epargne est autorisée à s’installer dans la ville. Elle occupe son emplacement actuel en 1899. Des Bailleulois l’ont alors appelée rue de la Caisse d’Epargne, mais cette appellation n’a jamais été officielle! Elle construit alors à côté de ses bureaux une grande salle des fêtes ouverte pour toutes les manifestations de la ville. Elle sera avant et durant la Première Guerre mondiale le théâtre de rendez-vous ludiques, concerts, cinéma, grands banquets etc. et aussi de culte.

Après la destruction de 1918, la Caisse d’Epargne fut reconstruite en 1922-23, son président Albert Cortyl voulu rappeler le souvenir de la plus vieille maison de Bailleul, la seule maison qui fut épargnée lors du terrible incendie de 1681. Celle-ci se trouvait rue du musée et fut transformée en 1861 en patronage Saint-Joseph. La Caisse d’Epargne reprend donc l’architecture de cette maison flamande d’origine bailleuloise. Il était inscrit il fut un temps dans la Caisse d’Epargne ce quatrain :

Duist ses hondert – tachtig een

Sach man hier – see groot ghewaen

Twas in mey – den achsten dag

Dat Belle heel – in aschen lach

Qui signifie :

Mil six cent quatre-vingt-un

on vit ici – bien grande alarme

c’était en mai – le 8e jour

que Bailleul tout entier fut réduit en cendre.

La rue porte le nom de rue Edmond de Coussemaker à partir de 1930. Cette rue comporte aujourd’hui une résidence de style appelée « la Châtellenie ». Cette appellation rappelle que Bailleul était le centre juridique et financier d’un ensemble important de communes allant jusqu’au Dunkerquois et qui dépendaient des coutumes de Bailleul. Cette résidence a succédé au château Onof dont elle a repris en particulier les œils-de-bœuf pour certaines fenêtres et a gardée la maison du gardien. La famille Onof, était une grande famille industrielle de Bailleul, spécialisée dans le houblon.